Au fil de l’histoire, une multitude de mouvements artistiques ont vu le jour, depuis l’Art Primitif de la préhistoire jusqu’à l’ère contemporaine marquée par l’émergence de l’art généré par intelligence artificielle et l’apparition du Prompt Art.
À ce jour, plus d’une trentaine d’intelligences artificielles existent, capables de générer des œuvres d’art à partir d’une simple phrase fournies à la machine, autrement dit un « prompt ».
Les œuvres créées peuvent émuler n’importe quel style artistique et illustrer ce que demande l’utilisateur, puisant leur inspiration d’une vaste base de données.
Cette approche ouvre la voie à la création de chefs-d’œuvre uniques. Un exemple notable est « La Jeune fille à la perle » de Julian van Dieken, réalisée à l’aide de MidJourney et Photoshop, et désormais exposée au Musée Mauritshuis.
© La Jeune fille à la perle, Julian van Dieken
Cette œuvre controversée montre la faculté des IA à produire de belles œuvres en matière de technique et de traitement de couleurs.
Cependant, créer une œuvre d’art ne veut pas seulement dire créer quelque chose de beau, derrière chaque toile il y a un message, un travail de conception et une démarche artistique qui donne un sens à une œuvre et qui la fait passer d’une production artistique à une œuvre d’art.
Ainsi, l’IA s’arrête-t-elle à la création d’œuvre uniquement belle ou peut-elle créer des œuvres d’art qui ont une profondeur ?
Premièrement, l’intelligence artificielle trouve une multitude d’applications dans le domaine artistique, au-delà de la simple transcription de prompts. En effet, l’IA peut être employée pour authentifier des œuvres, établir des liens entre différentes créations issues de diverses époques, analyser les émotions véhiculées par un tableau ou encore prédire les sentiments qu’un spectateur pourrait éprouver face à une œuvre.
Ces compétences diverses constituent déjà un premier pas vers la création d’une œuvre d’art qui porte un message significatif.
En effet, l’objectif principal d’une œuvre d’art est de transmettre une émotion à son public. Par conséquent, il est essentiel de définir précisément les émotions que l’on souhaite évoquer, tant pour le public que dans la composition de l’œuvre elle-même.
Ces émotions peuvent être transmises par la beauté pure d’une toile ou par le message subtilement dissimulé derrière celle-ci. Dans certains cas, l’idée, le concept et la démarche artistique peuvent même s’avérer plus importants que l’œuvre finale.
Il est donc essentiel de comprendre le contexte dans lequel une œuvre a été créée, et d’étudier les différents courants artistiques pour trouver l’inspiration avant de se lancer dans la création.
Authentification d’œuvre d’art
Il existe de nombreux exemples illustrant ces applications. Dans le champ de l’authentification, par exemple, une intelligence artificielle mise au point par l’entreprise suisse Art Recognition a réussi, en 2021, à déterminer l’origine d’un tableau de Renoir jusqu’alors méconnu.
Utilisant une base de données composée de plus de 200 œuvres de Renoir, l’IA a pu attribuer l’origine du tableau à Renoir avec une certitude de 80,58 %, un taux de confiance supérieur à celui des historiens d’art. Cette prouesse s’ajoute aux 400 authentifications déjà réalisées par l’IA d’Art Recognition.
Recherche des origines
Par ailleurs, une équipe du MIT, en partenariat avec le Rijksmuseum – le Musée des Pays-Bas – et le Metropolitan Museum of Art (The Met) de New York, a employé une intelligence artificielle, baptisée MosAIc, pour créer des connexions entre différentes œuvres d’art de toutes époques, en s’appuyant sur les collections exposées dans ces deux musées.
Ce type d’intelligence artificielle vise à soutenir les historiens de l’art dans leur travail.
En effet, déterminer l’origine et les inspirations d’une œuvre d’art (qu’il s’agisse de peintures, de sculptures, etc.) constitue une étape cruciale dans la compréhension de celle-ci.
En se fondant sur le contexte historique de l’œuvre, les techniques de production employées ou encore l’agencement des éléments dans une toile, qui peuvent renvoyer à certains courants artistiques, il devient possible de retracer le parcours intellectuel de l’artiste.
Les émotions vues par l’IA
En dernier lieu, une autre utilisation de l’intelligence artificielle dans le domaine de l’art concerne la reconnaissance des émotions, aussi bien celles exprimées dans l’œuvre que celles éprouvées par le spectateur.
En se basant sur les émotions recueillies auprès de 1 500 personnes ayant observé près de 440 000 œuvres sur WikiArt, l’IA, appelée ArtEmis, est capable de décrire une œuvre en fonction des émotions qu’elle incarne et de proposer une palette d’émotions que le public pourrait ressentir en contemplant l’œuvre.
Le travail des IA
Ainsi, les différentes intelligences artificielles actuelles décomposent les diverses étapes de la création d’une œuvre d’art.
Néanmoins, les deux aspects les plus cruciaux et les plus délicats pour une IA restent la transmission du message au sein de l’œuvre (à travers l’émotion), qui est souvent inspiré de la période et des événements historiques d’une époque, et la prise de décision concernant les éléments à inclure.
Un exemple éloquent de l’importance de la composition d’une toile est illustré par la présence de l’escargot dans le tableau « Annonciation et nativité » de Francesco Del Cossa.
Actuellement, les diverses applications de l’intelligence artificielle dans le domaine de l’art constituent en quelque sorte des étapes inversées du processus artistique.
L’IA remonte à l’origine des œuvres et se pose en quelque sorte comme assistante des historiens de l’art.
Forte d’une vaste base de données comprenant les événements historiques d’une période donnée, ainsi que les œuvres créées à cette même époque, une IA pourrait potentiellement parvenir à analyser intégralement un tableau, en détaillant les divers choix esthétiques, graphiques et picturaux de l’artiste.
Ainsi, l’intelligence artificielle dans l’art possède bien plus de capacités que la simple création d’une belle œuvre dénuée de sens.
Elle est en cours d’apprentissage pour élever ce qu’elle produit au niveau de la pensée humaine, même si l’art demeure un moyen d’expression intrinsèquement humain et le restera, car l’art est une fin en soi.
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